jeudi 5 juillet 2007

La CIMR recadre ses placements

· Plus de réserves pour les nouveaux placements

· Des rendements supérieurs aux prévisions

· La caisse détient 18% de l’OPV IAM

Dans un exercice de transparence inédit sur la place casablancaise, la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) lève le voile sur les mécanismes et les résultats de gestion de ses réserves en 2006. C’était à l’occasion du CIMR Finance Day organisé le 3 juillet à Casablanca.
La caisse a révisé, pour la deuxième fois depuis sa réforme en 2003, sa stratégie d’allocation d’actifs. Une opération déléguée à la banque d’affaires française Société Générale Capital Investment Bank (SG CIB). Elle fait suite au changement des hypothèses de base de l’ancienne stratégie. Celle-ci imposait un placement cible de 30% des réserves en actions et 70% en obligations.
La CIMR ne voulait plus cantonner ses placements dans ces deux débouchés. Elle s’est rendu compte de la maturation d’autres classes d’actifs (produits structurés, Private Equity, immobilier). «Ces placements nous permettent de diminuer notre niveau de risque de 10% tout en augmentant d’un tiers notre rentabilité», précise Khalid Cheddadi, DG de la CIMR. Les experts français se sont référés aux couples risque/rendement de l’ensemble des classes d’actifs. Leurs études ont débouché sur des résultats significatifs notamment au niveau des actions marocaines où la prime de risque est de 7,09% avec une volatilité de 22,85%. Quant à la Private Equity, elle présente une prime de risque annuelle de 10,8% et une volatilité de 30%.
Conclusions: les taux obligataires bas obligent la caisse à trouver des relais de rendement. De plus, les placements boursiers arrivent en fin de cycle de croissance d’où la nécessité de déconcentrer les actifs risqués. Compte tenu de ces considérations, le conseil d’administration a validé une nouvelle stratégie d’allocation où les placements classiques, obligataires et actions, concentrent chacun 42,5% des placements. Il a alloué 5% des réserves à chacun des trois nouveaux placements à savoir, l’immobilier, la Private Equity et les produits structurés.
L’impact de cette nouvelle stratégie sur le marché financier se mesure à la force de frappe financière de la caisse dont les réserves s’élèvent à 21,3 milliards de DH à fin mars dernier (valeur marché). Soit une hausse de 14% par rapport aux 18,7 milliards de DH en 2006. Cette somme était concentrée à 72% dans des placements obligataires. Le reste se répartit entre les actions (25%) et les autres actifs (3%). A noter que ces placements sont enregistrés dans le bilan 2006 de la caisse à une valeur comptable de 10,2 milliards de DH (+17% par rapport à 2005). Dans le détail, les placements en gestion déléguée représentent plus de la moitié des réserves de la CIMR. Il s’agit de 4 OPCVM obligations qui ont généré un rendement consolidé de 21,5% l’année dernière. Le rendement des deux fonds dédiés aux actions a dépassé 75%. Par ailleurs, la CIMR est actionnaire dans les plus importantes sociétés cotées. Ses participations directes totalisent une valeur marché de 8,1 milliards de DH. Elles sont concentrées à 28% dans le secteur bancaire, 24% dans les cimenteries et 19% chez ONA et SNI. Leur performance avoisine 50% en 2006 avec une plus value latente de 2,5 milliards de DH. A noter que 18% des 4% de Maroc Telecom privatisés (712 millions de DH) ont été alloués à la CIMR. Les engagements de la caisse dans le capital investissement avoisinent 62 millions de DH, répartis sur 6 fonds. Le TRI (taux de rendement interne) attendu de ces opérations varie entre 10,7 et 25%. Cette année, deux placements de 100 millions de DH sont programmés dans les fonds touristiques H Partners d’Attijariwafa bank et Maghreb Siaha Found de BMCE Capital.
Dans l’ensemble, ces placements ont généré un résultat financier en progression de 11% à 911 millions de DH. En revanche le rendement des réserves par rapport à leur valeur comptable a cédé 2 points pour s’établir à 9,5%. «Nous étions très réservés par rapport nos placements en actions. Mais leur rendement a dépassé 2,5 millions de DH. Finalement, nous n’avons retenu que 200 millions de DH de plus value», explique Nabil Ahabchane, directeur des placements financiers à la CIMR. Quel est l’impact de ces placements sur les allocations de retraite? Les allocataires doivent attendre 2010 pour le mesurer. En effet, le conseil d’administration avait arrêté une revalorisation annuelle des pensions de 0,7% sur 7 ans (2003-2010). «Les rendements financiers réalisés ont certes été nettement supérieurs aux prévisions, mais il faut attendre la fin de la période arrêtée pour revaloriser les pensions en fonction des gains réalisés», conclut Cheddadi.

Nouaim SQALLI

04/07/07

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